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7ème session internationale d'IAGF : focus sur le Plan d'adaptation au changement climatique du bassin Adour-Garonne

7ème session internationale d’IAGF

Toulouse / Bordeaux – du 15 au 19 octobre 2018

Interview de Françoise Goulard, conseiller en recherche et prospective  à l’Agence de l’eau Adour-Garonne sur le Plan d’adaptation au changement climatique récemment adopté.

“La gestion de la quantité d’eau est une question majeure sur notre bassin”

 

Comment mieux préserver la ressource en eau, répartir au mieux ses usages, dans un contexte d’évolution significative du climat ? Dans le Bassin Adour-Garonne, particulièrement impacté, les acteurs réunis au sein du Comité de Bassin ont adopté début juillet un Plan d’adaptation au changement climatique. Françoise Goulard, conseiller en recherche et prospective à l’Agence de l’eau Adour-Garonne, détaille les objectifs de ce document, avant la tenue des travaux d’IAGF consacrés à la résilience des territoires face au changement climatique.

 

Comment le bassin Adour-Garonne est-il impacté par le réchauffement climatique?

C’est le bassin qui a le signal de changement climatique le plus sévère en France. Les différences entre aujourd’hui et demain seront les plus importantes. Avec un climat qui a tendance à devenir méditerranéen, nous prévoyons des baisses de débit drastiques, de l’ordre de -20 à -40 % sur l’année avec des périodes d’étiage (périodes de basses eaux) atteignant une baisse de moitié des débits en été et à l’automne. Or le bassin Adour-Garonne connaît déjà des décalages structurels entre besoins et ressources marqués par des périodes de restriction. Ici, l’enjeu quantitatif est sans doute plus important que sur les autres bassins français, mieux équipés en retenues d’eau et pouvant donc mieux compenser les prélèvements.

Dans ce contexte, comment est né ce plan d’adaptation ?

Le déclic s’est produit lors de la COP 21 à Paris en 2015, où il y a eu une prise de conscience internationale pour inciter les organismes de bassin à s’engager dans l’adaptation au changement climatique. Le comité de bassin Adour-Garonne s’est lancé dans l’élaboration de ce plan en mai 2016. L’idée était de faire un diagnostic sérieux et exhaustif sur l’ensemble du  territoire, puis de construire un plan de manière collégiale.

Quels sont les objectifs fixés?

Ce plan répond à quatre principaux objectifs. Il s’agit d’abord de trouver un nouvel équilibre entre besoins et ressources. La question de la gestion quantitative sur notre bassin est vraiment majeure puisque d’importants déficits sont annoncés.

Nous avons aussi un objectif sur la qualité. Il s’agit de réduire les pollutions à la source et mieux les traiter. Du fait de la baisse de l’hydrologie et de l’augmentation de la température de l’eau, la qualité de l’eau sera plus menacée. .

Le troisième objectif concerne les milieux. Il faut renforcer la capacité des milieux naturels aquatiques et humides à résister à un climat plus chaud et plus sec. Cela concerne aussi les sols qui doivent être humifères et vivants, capables de retenir l’eau à l’échelle des bassins versants.

Enfin, il s’agit de se prémunir contre les risques naturels, les inondations, les érosions côtières et les submersions marines. Historiquement, ce ne sont pas des sujets réellement pris en compte par le comité de bassin et l’agence de l’Eau. Ils concernent plutôt l’État. Mais ce plan a adopté une vision globale des problèmes liés au changement climatique et nous avons intégré la gestion de ces risques parmi nos objectifs.

Concrètement, comment va être appliqué ce plan et avec quels moyens?

Ce plan est un document-cadre, une référence pour les acteurs locaux. Il n’a pas de portée juridique. Il va en revanche servir à nourrir notre plan d’intervention et à enrichir le futur Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE 2021-2027). Là, certaines mesures deviendront prescriptives car le SDAGE est un document opposable.

Concernant les moyens, il faudrait un investissement constant et régulier d’environ 160 millions d’euros par an d’ici à 2050 pour mettre en œuvre toutes les mesures du plan, soit 25% de plus de ce qu’on estimait nécessaire pour les objectifs du SDAGE. C’est assez conséquent parce que le changement climatique impose d’agir vite et fort.

Cet investissement sera-t-il supporté par la seule puissance publique ou également par le secteur privé ?

Il sera principalement supporté par les pouvoirs publics, les agences de l’eau, mais aussi par les Régions, les Conseils départementaux et les collectivités territoriales. Mais cette politique est aussi du ressort des acteurs économiques eux-mêmes. Dans ce plan, il y a tout un volet sur l’accompagnement de la transition écologique de l’agriculture et il y aura donc des financements venant du secteur agricole.

L’agriculture, mais aussi l’industrie, l’énergie et le tourisme, sont des secteurs climato-sensibles qui devront s’adapter. Leurs représentants étaient autour de la table pour l’élaboration de ce plan et désormais, le diagnostic est partagé par tous. Après, sur l’ambition des mesures et surtout le rythme auquel il va falloir s’adapter, il y aura encore un gros effort de sensibilisation, de communication à faire auprès de ces acteurs. Ce plan est à voir comme un recueil de solutions. À charge aux acteurs économiques et aux territoires d’en faire la combinaison la plus adaptée à leurs spécificités locales.

Pour en savoir plus 

Crédit photo : Pierre Barthe / Agence de l’eau Adour-Garonne

 

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