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Toutes les actualitésExposition « Nous, les fleuves » : interview de Cédric Lesec, directeur des relations extérieures et de la diffusion du musée des Confluences
L’exposition « Nous, les fleuves » s’est ouverte au musée des Confluences, à Lyon, le 21 octobre dernier. Conçue en collaboration avec IAGF, elle invite à suivre le cours d’un fleuve imaginaire. Nous avons interviewé Cédric Lesec, directeur des relations extérieures et de la diffusion du musée, pour comprendre l’approche à la fois universelle et immersive qui est proposée au public.
Comment est née l’idée de l’exposition « Nous, les fleuves » ?
L’idée de l’exposition « Nous, les fleuves » s’est imposée à nous comme une évidence pour de multiples raisons, que ce soit du fait de la situation géographique du musée, de son architecture, du public auquel nos expositions sont destinées et des sujets que nous traitons. Comme son nom l’indique, le musée des Confluences est situé à la confluence du Rhône et de la Saône, à Lyon. Sa structure en métal et verre a été conçue par les architectes comme un nuage qui flotte au-dessus des eaux. Le sujet de l’eau s’est révélé d’autant plus évident qu’au musée des Confluences, nous traitons de sujets multiples et de manière interdisciplinaire : anthropologie, histoire, philosophie, sciences naturelles, etc.
Comment le partenariat entre le musée des Confluences et IAGF s’est-il organisé pour préparer cette exposition ?
Nos échanges avec IAGF sont réguliers. Pour rappel, le lancement d’IAGF s’est fait au musée des Confluences en 2015. L’association a été créée à l’initiative d’Erik Orsenna et de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), qui fait partie de notre fonds de dotation. Nos liens sont donc étroits. Erik Orsenna, qui est un grand amoureux des fleuves, a contribué au rassemblement des éléments d’information destinés à l’exposition aux côtés des experts constituant le comité scientifique. C’est la polyphonie de leurs approches qui a permis au chargé de projet d’écrire le récit de l’exposition.
« Nous essayons d’évoquer les fleuves du monde en présentant un fleuve imaginaire qui,
de la source à l’embouchure, naît, vit et disparaît. »
Quel objectif aviez-vous en montant cette exposition et comment s’inscrit-elle dans la stratégie de programmation du musée ?
Nous souhaitions parler de tous les fleuves et non pas seulement du Rhône, qui a déjà fait l’objet d’expositions. Nous voulions les rendre compréhensibles et accessibles au plus grand nombre. Les fleuves ne sont en effet pas qu’une masse d’eau : ils ont façonné l’histoire des villes du monde entier, ils parlent des usages et des métiers, de ceux qui y vivent, les humains, mais aussi de la faune et de la flore. C’est ainsi que la scénographie s’est organisée autour d’un fleuve imaginaire qui permet de comprendre la nature d’un fleuve. Cette exposition s’inscrit parfaitement dans l’approche interdisciplinaire du musée dont l’origine repose sur la diversité des collections que nous conservons.
« La scénographie permet de rendre le fleuve visuel, enveloppant,
compréhensible de l’intérieur et surtout, pareil à un organisme vivant »
L’exposition alterne entre objets du quotidien et œuvres d’art, films documentaires projetés dans de petites cabines et vidéo grand écran, textes éducatifs et visuels captivants.
Quelle était votre intention avec cette scénographie variée et très esthétique ? Comment avez-vous défini les thématiques ?
Parler du fleuve depuis sa source jusqu’à son embouchure, de sa jeunesse à sa destinée dans l’Océan, était logique : les thématiques se sont imposées à nous. Nous avons choisi une scénographie fluide, sans angle, transparente. Au centre de l’exposition, avec la grande carte de l’ensemble des bassins versants du monde*, on perçoit les capillarités entre affluents, à l’image du système sanguin ou pulmonaire. Voir cette carte, c’est comme voir la Terre respirer. Nous présentons également de très belles collections, qui donnent corps au propos : peintures des XIXe et XXe siècles, masques cimiers du Mali, vanneries, etc
Avez-vous déjà des premiers chiffres de fréquentation, un mois après l’ouverture, et des retours d’expérience de visite ?
Il est trop tôt pour en disposer mais nous constatons un grand intérêt du public pour le sujet des fleuves. Nous avons un public d’habitués, notamment de familles, qui apprécie la variété des sujets et la manière dont nous les traitons. En visitant l’exposition « Nous, les fleuves », ils retrouvent l’esprit du musée des Confluences : ils entendent parler autant de batellerie que de pêche, de l’esprit des fleuves comme des questions géopolitiques et des enjeux écologiques qui leur sont liés.
« Nous faisons le pari que, par l’émerveillement,
le public prenne conscience des enjeux liés aux fleuves »
Les Européens ont davantage pris conscience de la problématique liée à la pénurie d’eau cet été. Pensez-vous que l’exposition aidera le public à prendre conscience du rôle que jouent les fleuves dans l’écosystème global ?
Les usages de l’eau constituent un enjeu partagé. Nous pouvons, je le crois, tous et toutes, être acteurs et actrices de la transition écologique. L’exposition contribue à éclairer des situations géopolitiques et écologiques. Nous souhaitions mettre ces questions en avant de manière informée et en se posant comme un lieu de référence. Cela a été le moteur de notre partenariat avec IAGF, qui travaille ces questions depuis longtemps et souhaitait y associer plus étroitement le grand public. Le musée a ainsi accueilli l’événement de clôture de la mobilisation internationale qu’elle a lancée, Living with Rivers, intégré à la programmation autour de l’exposition.
Peut-on espérer une itinérance de l’exposition « Nous, les fleuves » dans d’autres pays du monde ?
Nous l’aimerions beaucoup.
Exposition « Nous, les fleuves
Musée des Confluences
86 quai Perrache – 69002 Lyon, France
Du 21 octobre 2022 au 27 août 2023, de 10h30 à 18h30
Fermé le lundi
* La carte des fleuves du monde a été réalisée par Robert Szucs, Grasshopper Geography.