Rencontre avec un fleuve : le Niger
Portrait chinois du Fleuve Niger – dans les yeux de Marie Garnier de l’association Karama (Mali)
Marie Garnier, est coordinatrice de l’Association Karama , elle est également enseignante de métier. L’équipe Karama travaille au quotidien pour faciliter l’accès à la scolarisation des enfants des rives et des îles du fleuve Niger à Bamako, notamment autour de la pédagogie active et coopérative, sur la protection de l’environnement et plus particulièrement celle du fleuve Niger ainsi que sur la transmission des savoirs locaux. L’école qui a été créé se situe sur l’île Dialagoun qui regroupe aujourd’hui 220 élèves.
Si le fleuve Niger était un chiffre, « Pour moi ce serait le chiffre 4, parce qu’au Mali le chiffre 3 est réservé au masculin et le chiffre 4 au féminin. Or pour moi, l’eau c’est forcément très féminin.
Si le fleuve Niger devait être un ou plusieurs pays ce seraient« le Niger, le Mali, le Guinée et le Nigéria : les pays qu’il traverse et dont il est le fleuve nourricier».
Si le fleuve Niger était un ou plusieurs animaux ce serait un buffle parce que c’est un animal qui est très puissant et qui fonce tête baissée. Et ce fleuve me fait vraiment penser à cette énorme puissance : il est très grand, il est très large. Dès qu’il y a un peu de vent, ça s’agite ;dès qu’il y a beaucoup de vent, on ne peut plus naviguer. Ou alors un lamentin : Ça reste un gros animal mais plus délicat. Le lamentin c’est aussi un animal qui est malheureusement en train de disparaître dans le fleuve Niger….
Si le fleuve Niger était une couleur, ce serait un arc-en-ciel, parce qu’en fonction des jours et des heures, le fleuve change de couleur : il peut passer du blanc, au bleu, au vert, au turquoise… Il se confond parfois complètement avec le ciel. Ce qui est assez fascinant, c’est le contraste parfois entre le matin et le soir. C’est magique ! ».
Si le fleuve était un personnage, ce serait « Mami Wata » ! C’est le personnage mythique de la sirène. On retrouve Mami Wata dans beaucoup de contes de nombreux pays. C’est un personnage qui est un peu effrayant et en même temps bienfaisant. … On le décrit de plusieurs de manière. Aux enfants, on dit ‘’attention ! Il ne faut pas aller vers l’eau sinon Mami Wata va te manger !’’. Les populations locales font régulièrement des offrandes à Mami Wata, pour attirer sa bienveillance ».
Si le fleuve Niger était un conte, ce serait « Mali Sadio ». C’est un conte qui vient d’une petite ville qui s’appelle Bafoulabe. C’est l’histoire d’une fille qui a une grande amitié avec un hippopotame et cette amitié dérange les humains. Ce conte raconte le rapport de l’Homme avec la nature.
Si le fleuve était un projet « ce serait le projet le nettoyer, de le dépolluer, de mettre en place des systèmes d’épuration. A Bamako, le fleuve est la source première de vie de la population qui vit au bord du Niger. Son eau est celle qui sert à boire et à se laver. Or aujourd’hui toutes les eaux usées des villes s’y déversent, il y a de moins en moins de poissons, des constructions se multiplient sur ses berges privant l’accès direct des populations à son lit. Il doit être mieux protégé. Et pour cela il doit être mieux compris, mieux aimé. Notre association met en place des actions de sensibilisation auprès des enfants de pêcheurs de la communauté.