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Toutes les actualitésChiffre clé : de +1,8° à 2,7° C
C’est la trajectoire du réchauffement planétaire à l’issue de la COP 26.
Si la 26e Conférence des Nations Unies, qui s’est tenue en novembre à Glasgow, s’est achevée sur un compromis porteur de bons espoirs pour limiter le réchauffement climatique, ce dernier ne respecte pas toutefois les objectifs de l’Accord de Paris visant à le contenir « bien en deçà » de 2° C et si possible à 1,5° C.
Certes, cette COP a marqué quelques avancées : 152 pays sur 196 ont déposé de nouveaux engagements rehaussés pour 2030 et 82 Etats représentant trois quarts des émissions mondiales ont intégré la neutralité carbone dans leurs objectifs, soit 13 de plus qu’avant la conférence. L’Inde a annoncé vouloir l’atteindre d’ici à 2070.
Néanmoins, selon une note préliminaire du PNUE, l’organisation onusienne en charge de l’environnement, ces nouveaux engagements maintiendraient une tendance très élevée, avec +2,7° C d’ici à la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. Elle pourrait être réduite à +2,1° C si les promesses de neutralité carbone sont tenues, ce qui reste encore à voir. Lors de la 1ère semaine de la COP, l’Agence internationale de l’Energie avait quant à elle voulut être résolument optimiste, son Directeur exécutif, Dr Fatih Birol, évoquant « un moment historique : c’est la première fois que des gouvernements proposent des objectifs suffisamment ambitieux pour maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 2° C ». Selon les nouvelles estimations de son agence, parues le 4 novembre, la hausse pourrait être contenue à +1,8° C si les engagements pris sont respectés et déclinés en actions à court terme. Surtout, ces engagements seront-ils suffisants ?
L’urgence de la mise en œuvre
Derrière cette bataille de chiffres, le constat est en effet sans appel : pour garder l’objectif de +1,5° C « vivant », tout repose désormais sur la capacité et la volonté des Etats à mettre tout en œuvre pour faire de cette ambition forte une réalité. Pour Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, le monde n’a plus le choix : « Comme je l’ai dit à l’ouverture de la COP, nous devons agir plus et plus vite pour maintenir en vie l’objectif de 1,5 degré. Notre planète fragile ne tient qu’à un fil. Nous sommes toujours au bord d’une catastrophe climatique (…). Il est temps de passer en mode urgent, sinon nous n’aurons aucune chance d’atteindre le Zéro émission nette. »
Une petite avancée a été faite : les pays se sont mis d’accord pour réviser leurs contributions plus fréquemment que tous les cinq ans, délai fixé par l’Accord de Paris. Dès 2022, à la COP27 qui se tiendra à Charm El-Cheikh (Egypte), il faudra évaluer où en sont les engagements pris.
Une autre avancée concerne les énergies fossiles. Pour la première fois, un accord a réuni une quarantaine de pays pour l’abandon du charbon d’ici à 2030 pour les pays développés et d’ici à 2040 pour les autres. Parmi les signataires de cet accord : le Canada, l’Ukraine, le Chili, le Vietnam mais aussi la Pologne. Ces pays s’engagent également à ne plus financer de nouvelles centrales charbon, ni sur leur territoire, ni à l’international, et à accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Cependant, les pays qui pèsent le plus en termes de consommation mondiale de charbon n’ont pas pris part à cet accord, à savoir les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon ou encore l’Australie. Si, pour la première fois dans la déclaration finale, « il est écrit qu’il faut réduire notre dépendance aux fossiles », comme l’a souligné Barbara Pompili, Ministre française de la Transition écologique, un revirement inattendu a affaibli cette dynamique. Sous l’influence de l’Inde, le texte appelle à « intensifier les efforts vers la diminution progressive » du charbon et non plus à « sa disparition progressive ».
Une solidarité internationale défaillante
Les effets d’annonce se sont multipliés pour des accords de coopération en faveur des forêts, d’une agriculture résiliente ou de la réduction des émissions de méthane, deuxième gaz à effet de serre lié aux activités humaines. En revanche, la communauté internationale n’a pas su faire la preuve d’une forte solidarité, alors même que la crise sanitaire a exacerbé les inégalités.
Une des revendications fortes des pays les plus pauvres et exposés aux effets du dérèglement portait sur une compensation des pertes et préjudices déjà subies. Point de tension durant les négociations, cette demande de financement additionnel est éclipsée dans la déclaration finale. Elle révèle un autre manquement des pays riches envers les pays pauvres : la promesse faite en 2009 de les aider à affronter dans la durée la crise climatique, à raison de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Ce seuil de 100 milliards ne sera même atteint d’ici à 2023.
Antonio Guterres veut croire en l’action climatique pour rétablir la confiance :
« Nous avons une autre crise climatique aujourd’hui, celle du climat de méfiance qui enveloppe notre monde (…). Cela signifie qu’il faut enfin tenir l’engagement de 100 milliards de dollars de financement climatique au profit des pays en développement. »
L’énorme effort restant en termes d’adaptation
Si les pays réunis à Glasgow ont multiplié les annonces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation au changement climatique, qui concerne en premier lieu les pays en développement, reste encore en effet négligée. Les dommages et pertes tant humains que financiers liés aux impacts du dérèglement climatique sont inéluctables et inscrits dans un temps long, même si la hausse de température reste contenue à minima à +1,5° C.
Pour y faire face, les financements doivent être conséquents. Le Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’adaptation 2021 : la tempête qui se prépare, rendu public par le PNUE le 1er novembre, constate que les coûts de l’adaptation se situent probablement dans la fourchette haute de l’estimation de 140 à 300 milliards de dollars par an d’ici à 2030 et de 280 à 500 milliards de dollars par an d’ici à 2050, uniquement pour les pays en développement. On est loin du compte aujourd’hui : dans l’ensemble, les coûts de l’adaptation estimés dans les pays en développement sont cinq à dix fois supérieurs aux flux de financement public actuels de l’adaptation – de près de 80 milliards de dollars pour 2019 – et l’écart se creuse.