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Le nouveau fléau de la salinité des sols

Le dérèglement climatique se manifeste par de nombreux impacts. La salinisation des sols est l’un d’eux, provoquée par l’élévation du niveau des mers et la diminution des précipitations notamment. Dégradant leur qualité, elle impacte directement l’alimentation de millions de personnes dans le monde. L’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) vient de lancer un outil cartographique pour mieux identifier les terres à risque et définir des solutions durables en termes d’irrigation et d’adaptation au changement climatique pour favoriser la productivité des terres agricoles.

Source : FAO

Plus de 8 % des sols souffrent de salinisation

 

Près d’un milliard d’hectares de sols dans le monde (soit 8,7 %) sont touchés par le phénomène de salinisation, essentiellement en zones arides ou semi-arides, en Afrique, Asie ou en Amérique latine. Ce chiffre inédit est tiré de la carte mondiale mise au point par la FAO avec l’appui de 118 pays et des centaines de collecteurs de données.

Elle montre également que 20 à 50 % des sols irrigués sur l’ensemble des continents sont trop salés. Cela signifie que plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde sont confrontées à des défis importants liés à la production de denrées alimentaires, du fait de la dégradation des sols.

Un phénomène complexe

 

Rizière dans la région d’Ubud, Indonésie (Source : C. Moirenc)

Quelle est l’origine de cette accumulation de sels dans les terres ? Si la salinisation des milieux naturels est bien présente sur tous les continents et sous tous les climats, l’extension et l’intensification des activités humaines provoquent une salinisation dite « secondaire » qui accentue cette salinisation primaire, dégrade les écosystèmes encore préservés et amplifie la désertification. Les processus de salinisation sont complexes, souvent liés à ceux de l’écoulement des eaux de surface et souterraines. Mais ils sont accélérés par une irrigation mal conduite ou avec des eaux riches en sels, la déforestation intensive, ou encore certains engrais contenant des sels de potassium et d’azote. Et le changement climatique aggrave encore la situation, avec l’intrusion d’eau de mer dans les terres intérieures ou dans les eaux souterraines utilisées pour l’irrigation, la diminution des précipitations ou encore l’augmentation de l’évaporation des eaux douces.

Cette salinisation anthropique modifie la composition des eaux naturelles telles que lacs, rivières et eaux souterraines et dégrade la qualité de l’eau pour les différents besoins domestiques, agricoles et industriels. Elle contribue à diminuer la biodiversité et la fertilité des sols, limitant en conséquence les ressources agricoles et halieutiques exploitables. Des analyses prédictives tablent ainsi sur une hausse de 23 % de la superficie des zones arides – principalement dans les pays en développement – d’ici à la fin du siècle.

La riziculture est particulièrement affectée par la salinisation, fragilisant de nombreuses populations en Afrique ou en Asie qui en dépendent pour leur alimentation et leur revenu. Cette situation peut provoquer de nouvelles migrations, les agriculteurs partant à la recherche de nouvelles terres cultivables, et des risques de conflits fonciers, comme cela est déjà le cas en Gambie (lire le reportage paru dans Le Monde : « En Gambie, la lutte s’organise contre l’invasion du sel dans les rizicultures », le 3 janvier 2022).

Comment réhabiliter des terres salées ?

 

L’outil cartographique de la FAO permet à la fois de localiser les zones sensibles et de prévenir la salinisation par des mesures d’atténuation et de gestion durable des sols.

Si les agriculteurs ont adopté de longue date des pratiques de contrôle et réduction des surplus salés (dissolution des sels par une bonne alimentation en eau douce, drainage pour évacuer les sels hors de la zone racinaire des cultures, …), de nouvelles mesures adaptatives sont désormais nécessaires. Parmi elles :

  • La protection des zones côtières et des terres basses (plaines deltaïques) contre l’inondation et l’intrusion souterraine d’eau de mer, en restaurant les mangroves. Ces écosystèmes végétaux qui se développent dans l’eau saumâtre ont le pouvoir de réguler la salinité ;

  • Le changement des modes de culture en favorisant l’agriculture saline, les cultures tolérantes au sel et les systèmes combinant les apports pluviaux et irrigués ; 

  • L’incitation accrue aux techniques d’économie en eau et d’amélioration de la qualité de l’eau (irrigation par goutte à goutte, dessalement de l’eau de mer) ;

  • Le contrôle efficace de la surexploitation des eaux souterraines profondes.

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