Chiffre clé : 5ème

Dans une étude majeure publiée le 18 janvier 2022 dans la revue Environmental Science & Technology, les scientifiques du Stockholm Resilience Centre donnent l’alerte, après avoir évalué pour la première fois la quantité d’« entités nouvelles »  introduites par l’Homme dans l’environnement, leur persistance, ainsi que le rythme auquel elles sont produites et dispersées dans la nature. Plastiques, pesticides, médicaments et autres substances chimiques rejetés par l’industrie ou contenus dans des produits de grande consommation représentent un volume tellement conséquent et persistant qu’ils modifient l’écosystème planétaire de manière irréversible.

Une production de produits chimiques multipliée par 50 en 70 ans

« La production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950. Elle devrait encore tripler d’ici à 2050 », affirme l’une des co-autrices de l’étude, Patricia Villarubia-Gomez. Depuis 1950, la production de produits chimiques a été multipliée par 50 et il existe aujourd’hui environ 350 000 types de produits chimiques différents manufacturés sur le marché. Le plastique est l’un des fléaux incontrôlables de nos sociétés modernes, dont la production n’a cessé de croître et pourrait encore tripler entre 2010 et 2050. Désormais, la masse totale des plastiques sur la planète représente plus du double de la masse de tous les mammifères vivants.

L’ampleur du phénomène ne réside pas uniquement dans son volume, mais aussi dans sa durée. La persistance de ces produits dans la nature est telle que des déchets resteront des décennies après la fin de leur production.

5 limites franchies

Créé en 2009, le cadre des neuf limites planétaires est porté par le Stockholm Resilience Centre et a été reconnu depuis par l’ONU et la Commission européenne. Il définit neuf variables naturelles qui régulent la stabilité et la résilience planétaires. Au-delà d’un certain seuil qui doit être quantifié pour chacune, le système Terre n’est plus en capacité d’absorber les pressions anthropiques sans compromettre durablement les conditions de vie de l’espèce humaine.

En 2015, les scientifiques ont établi que quatre de ces neuf limites planétaires avaient été franchies : cycles de l’azote et du phosphore, climat, biodiversité et utilisation des terres. Une cinquième vient donc d’être dépassée.

Un nouvel état qui ne se traduit pas par un bouleversement brutal, mais plutôt par de multiples signaux, le rendant encore plus difficile à appréhender. Alors qu’il est irréversible…