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Toutes les actualitésCrues et inondations catastrophiques à travers le globe
Depuis des décennies, les scientifiques ont insisté sur les impacts du réchauffement climatique sur le cycle de l’eau. Le dernier rapport du GIEC, publié le 9 août, précise davantage les événements extrêmes qui en découlent, dans le chapitre 11 qui lui est consacré.
Le réchauffement se manifeste par des vagues de chaleur estivales plus fortes et des nuits tropicales plus fréquentes aux latitudes moyennes comme au Canada ou en Europe. L’air plus chaud peut contenir plus d’eau, produisant davantage de précipitations. Le rapport met également l’accent sur le caractère global du changement climatique et des catastrophes associées : toutes les régions du monde sont déjà affectées par ces modifications du système climatique.
L’été 2021 a malheureusement été riche en illustrations. En juillet, dans le monde, on a recensé près de 1 000 morts dans des inondations dues à des précipitations extrêmes en un laps de temps très réduit. Ces évènements survenus en Chine, en Allemagne, en Belgique et aux Etats-Unis montrent bien que l’Europe jusqu’ici relativement épargnée est à présent affectée par des événements météorologiques extrêmes sous les effets du changement climatique, au même titre que l’Asie ou l’Afrique.
Chine
En Chine, le bilan officiel des inondations qui ont eu lieu mi-juillet fait état de plus de 300 morts. Pour la plupart, les victimes viennent de la ville de Zhengzhou dans la province du Henan, où l’équivalent d’une année de pluie est tombé en trois jours. De nombreuses personnes ont perdu la vie dans des infrastructures souterraines : une rame de métro a notamment été engloutie et des victimes ont été à déplorer dans les parcs de stationnement en sous-sol ainsi que dans un tunnel routier. Au total, 20 000 personnes ont dû être évacuées. La ville de Zhengzhou se situe dans le bassin du fleuve Jaune, fleuve qui a souvent été à l’origine d’inondations et de crues meurtrières (lire le compte rendu de la session d’IAGF en Chine).
Allemagne
En Allemagne, plus de 200 personnes ont perdu la vie et des milliards d’euros de dégâts ont été constatés. Avec la sécheresse qui a sévi depuis quatre ans, les sols ont durci sur deux mètres, ce qui facilite les glissements de terrains. Il est possible que ces évènements météorologiques dramatiques sonnent la fin d’une période où l’Europe de l’Ouest se sentait en sécurité. Pour Toralf Staud, journaliste scientifique au Süddeutsches Zeitung,
« le pays n’est pas du tout préparé »,
et la prévention des risques a été largement négligée. Cette catastrophe aura peut-être le bénéfice de placer l’urgence climatique au cœur de l’agenda politique dans le pays. En plus du rapport du GIEC, une étude du World Weather Attribution (WWA) publiée le 24 août indique que « le changement climatique a augmenté la probabilité et l’intensité » de cette catastrophe. Encore une fois, il est ici question du cycle de l’eau, qui s’intensifie et mène à une augmentation de l’humidité dans l’atmosphère et donc à une augmentation des précipitations.
New York
Début septembre, des inondations impressionnantes ont touché la ville de New York suite au passage de l’ouragan Ida. Plus de 40 personnes dénombrées à ce jour ont perdu la vie et les routes ont été transformées en torrents en l’espace de quelques minutes. Comme à Zhengzhou, il est apparu assez clair que les infrastructures souterraines sont particulièrement vulnérables : le métro de New York a été touché et de nombreux morts sont à déplorer dans les appartements en sous-sols. Le maire de la ville, Bill Masio, a décrit un « événement météorologique historique » et a décrété l’état d’urgence, une première dans l’histoire de la ville malgré des catastrophes récurrentes ces dix dernières années. La gouverneure de l’Etat de New York, Kathy Hochul, a déclaré qu’« à cause du changement climatique, malheureusement, c’est quelque chose qui va arriver de manière régulière ».
Une nécessité absolue d’adaptation
En plus de la lutte contre le changement climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ces inondations montrent la nécessité absolue de préparer l’adaptation aux catastrophes à venir et qui sont pour certaines inévitables.
Un rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale publié cet été montre que les catastrophes causées par des évènements météorologiques extrêmes (inondations, vagues de chaleur) ont été multipliées par 5 ces 50 dernières années. Entre 1970 et 2019, les inondations à travers le monde ont été responsables de 58 700 morts et représentent 115 milliards de dollars de pertes. En revanche, le rapport révèle que le taux de mortalité de chaque évènement météorologique extrême a diminué, en raison du développement de systèmes d’alerte précoce à travers le monde. Ces systèmes doivent donc être davantage diffusés dans les régions à risque.