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Toutes les actualitésLa fonte des glaciers s’accélère
Cet été, la fonte des glaciers a encore concentré l’attention des chercheurs. De l’Arctique aux glaciers Alpins, l’impact du changement climatique dans les zones gelées, bien visible pendant la période estivale, est suivi de très près.
Calotte glaciaire : le « point de non-retour » ?
Une étude publiée au début du mois d’août dans la revue Nature alerte sur la fonte potentiellement irréversible de la calotte glaciaire au Groenland. Cette étude est basée sur l’analyse d’images satellitaires sur une trentaine d’années et montre que la perte de glace par an s’est aggravée de plus de 10 % depuis les années 2000 par rapport aux années 1980 et 1990. De plus, depuis les années 2000, la fonte du glacier est trop rapide pour être compensée par les chutes de neige. Si la période analysée est trop courte et les connaissances scientifiques trop faibles pour affirmer qu’un point de non-retour a été atteint, les chercheurs alertent tout de même sur la nécessité de ralentir considérablement les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique.
La fonte de la calotte glaciaire a pour principale conséquence la montée des eaux, qui pourraient s’élever à 7 mètres dans les scénarios les plus pessimistes. Affectant en premier lieu les zones côtières et les îles.
Qu’est-ce que le phénomène d’amplification arctique ?
Le phénomène d’amplification arctique, entraîne un réchauffement deux fois plus rapide en Sibérie et dans l’Arctique, que pour le reste du monde. Ce phénomène est dû à la différence de taux de réflexion du rayonnement solaire entre la glace (85 %) et l’océan (10 %). Lorsque la mer de glace fond et se transforme en eau, elle absorbe beaucoup plus de rayonnement solaire que sous sa forme solide. L’absorption de rayonnement solaire signifie une absorption de chaleur, ce qui accélère la fonte. Ainsi, plus il y a d’océan – et donc moins de glace –, plus il y a de surface absorbant la chaleur, et plus il y a de surface absorbant la chaleur, plus les températures augmentent, et donc plus la glace fond, plus il y a d’océan…
C’est un cercle vicieux qui a des conséquences dans les régions concernées mais aussi dans le reste du monde, car le grand Nord participe au maintien de la température globale.
De plus, un autre phénomène tout aussi inquiétant mais moins visible, est la fonte du pergélisol (ou permafrost). Il s’agit d’une couche de terre ou de roche gelée en permanence dont la température est inférieure ou égale à 0°C pendant au moins deux années consécutives. Ce pergélisol recouvre un cinquième de la surface de la terre. Il est situé au Canada, au Groenland, en Sibérie et en Alaska. Le dégel du pergélisol représente un danger car il libère les gaz à effet de serre – CO2 mais surtout méthane – qui y étaient enfermés, accélérant encore le réchauffement climatique.
En Europe aussi, la glace fond
Le grand Nord n’est pas la seule zone impactée par la fonte des glaces. En Europe, les climatologues surveillent minutieusement les glaciers alpins. De la même manière que pour le Groenland, l’augmentation des températures perturbe l’équilibre entre les saisons. La fonte estivale est trop importante par rapport à l’accumulation hivernale, ce qui se traduit par une « perte d’épaisseur d’un mètre par an environ depuis trente ans », selon le directeur de recherche à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble, Gaël Durand, interrogé par Le Monde . Le réchauffement de la base du glacier au-dessus de zéro le rend instable et peut provoquer sa chute. Ce risque d’éboulement est préoccupant pour les villages situés aux alentours.
Le glacier de Planpincieux sur le versant italien du massif du Mont-Blanc a notamment défrayé la chronique cet été, menaçant un hameau et entraînant l’évacuation de villageois et de touristes. La situation est revenue à la normale début août, mais cet incident montre l’intérêt d’une surveillance accrue dans la perspective d’un renouvellement fréquent de tels événements.