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Toutes les actualitésLa route du Nord, nouveau corridor de navigation entre l’Atlantique et le Pacifique?
Une première mondiale
Fin août, le leader mondial du transport maritime, Maersk, a annoncé l’envoi d’un de ses navires, le Venta Maersk, depuis le port de Vladivostok en Russie jusqu’à Saint-Pétersbourg par la route du Nord. Il est le premier bateau à containers à emprunter cette route, qui suscite depuis plusieurs années déjà l’intérêt des transporteurs : la compagnie chinoise Cosco l’emprunte pour transporter des pièces d’éoliennes et, récemment, la plus grande compagnie gazière privée de Russie, Novatek, y a expédié son premier méthanier spécial vers la Chine.
Qu’est-ce que la « route du nord » ?
La route maritime du Nord s’étend du détroit de Béring à la Norvège. Elle présente un avantage important face aux routes plus conventionnelles, qui passent par les canaux de Suez et de Panama. Le trajet est plus court de 6 000 kilomètres environ que par le canal du Panama et le temps de transport réduit d’une à deux semaines pour les bateaux de marchandises qui veulent relier l’Europe à l’Asie.
L’ouverture de cette nouvelle voie est rendue possible par… le changement climatique. En Arctique, le réchauffement est deux fois plus rapide que sur le reste du globe. Dans ce territoire de 13 millions de km2 – 38 fois la France -, la surface de glace océanique a, en un quart de siècle, diminué d’environ 40 %. Cette évolution a rendu les deux passages du Nord de plus en plus praticables. Ils seront peut-être demain, accessibles une bonne partie de l’année…
Cette éventualité renforce l’intérêt des pays du cercle Arctique (Russie, États-Unis, Canada, Danemark, Norvège) pour cette région qui dispose de nombreuses ressources (gaz, fer, zinc, diamant…) jusque-là protégées par la rudesse du climat et l’éloignement. Or, les conséquences de cette nouvelle attractivité seraient importantes tant sur l’écosystème fragile de cette zone que sur la géopolitique, l’Arctique n’étant pour l’instant protégé par aucun traité international.
Une possible menace pour l’Arctique
Est-ce à dire que l’Arctique, qui voit certes son trafic augmenter, constitue la voie maritime de demain ? Ce n’est pas certain car les obstacles sont encore nombreux : techniques tout d’abord. La présence de glace, qui varie selon les zones et la période, l’obscurité et le froid extrême rendent la navigation complexe. Les bateaux doivent disposer d’équipements spécifiques et être accompagnés d’un brise-glace pour une navigation sécurisée.
Les réglementations nationales et internationales sont également un frein. Toutes ces contraintes alourdissent considérablement le coût de la navigation. Enfin, si les matières premières (pétrole, gaz ou autres minerais), moins sensibles aux retards causés par les conditions de navigation changeantes, pourraient transiter par cette route maritime, ce n’est pas le cas pour les containers. Tant qu’elle est utilisée pour l’exportation des ressources locales et non majoritairement pour des flux de transit, elle ne représentera pas une alternative commerciale sérieuse au réseau existant.