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Au Zimbabwe, un accès à l’eau incertain

Buwalayo (Source Chronicle)

Au Zimbabwe, la fin de l’année 2020 a été marquée par de nouvelles pénuries d’eau. Entre infrastructures vieillissantes ou inexistantes et difficultés politiques et économiques, le pays peine à trouver des solutions. Un défi qu’il est pourtant nécessaire de relever.

 


Pénurie d’eau dans la deuxième plus grande ville du pays

 

Fin 2020, les habitants de Bulawayo, la deuxième plus grande ville du pays, étaient dans une situation désespérée à la suite d’une sécheresse intense. Les restrictions mises en place par les autorités dans tout le pays, ont eu des impacts désastreux dans certaines communautés. Selon le journal en ligne, New Zimbabwe, une partie de la banlieue de Bulawayo n’a pas eu d’eau courante pendant une année entière. Contraints de consommer de l’eau insalubre, les résidents ont été témoins de la résurgence de maladies hydriques. Les services de santé de la municipalité déclarent avoir enregistré 2 600 cas de diarrhée entre juin et octobre 2020, touchant majoritairement les enfants de moins de cinq ans. Cette situation est d’autant plus problématique, qu’elle rend difficile la lutte contre la Covid-19. Le directeur des services de santé de la ville, Edwin Sibanda, exprime son désarroi au Guardian :

The precautions for diarrhoea are the same as those for Covid-19. How do you tell people to wash hands when there is no water?” (« Les précautions pour la diarrhée sont les mêmes que pour la Covid-19. Comment demandez-vous aux gens de se laver les mains alors qu’il n’y a pas d’eau ? »).

Un mal ancien dans un pays vulnérable

 

Le début de l’année a été marqué par de fortes pluies qui ont permis de remplir les réservoirs dans tout le pays. Une bonne nouvelle qui devrait permettre le retour de l’eau à Bulawayo, facilitée par une politique de normalisation de l’approvisionnement en eau. Le maire a annoncé mi-février des livraisons d’eau 4 fois par semaine et la suspension totale des restrictions est attendue pour fin mars. Néanmoins, cette pluviométrie importante ne permet qu’une accalmie. Les pénuries d’eau sont anciennes et fréquentes. En 2019, c’est dans la capitale, Harare, que les habitants faisaient la queue pour remplir leurs bidons d’eau. La situation n’était pas meilleure dans les campagnes.

Octobre 2019 © 2020 AP Photo Tsvangirayi Mukwazhi (Source Human Rights Watch)

Les conclusions du Programme Alimentaire Mondial en juin de la même année indiquaient que la sécheresse avait placé plus d’un tiers des foyers ruraux du pays (soit environ 3,5 millions de personnes) en situation d’insécurité alimentaire. Le Zimbabwe repose majoritairement sur des pratiques agricoles peu productives et dépendantes des eaux de pluie, ce qui rend sa production vulnérable aux fluctuations. La récurrence des pénuries d’eau et de nourriture tient également à des problèmes politiques et économiques.

 

Des problématiques structurelles à surmonter

 

Le régime de Robert Mugabe, qui a pris fin en 2017, a en effet laissé un pays chancelant. L’inflation, le chômage et l’instabilité économique gangrènent la société et les pouvoirs publics et affectent la qualité des infrastructures. La pénurie d’eau potable qu’a connue la capitale en 2019 a été exacerbée par l’incapacité financière de la seule usine de traitement des eaux de se procurer des produits chimiques. Les épreuves successives auxquelles font face les zimbabwéens ont développé de leur part une résilience précieuse, comme le souligne un envoyé du World Food Program

These people think out of the box to survive. They have that innate capability to be able to withstand these types of shocks and to find a way to get around it.”(« Ces gens sont inventifs pour survivre. Ils ont cette capacité intrinsèque de pouvoir résister à ce genre de chocs et de trouver les moyens de les surmonter »).

Néanmoins, des changements concrets sont nécessaires pour faire face à la dégradation des ressources en eau. Fin 2020 un rapport de l’Organisation pour l’agriculture et l’Alimentation (FAO) pointait la baisse de 20 % de la quantité disponible d’eau douce par personne en deux décennies. L’agriculture est essentielle au Zimbabwe, et l’approvisionnement en eau et en nourriture sont deux de ses défis majeurs. Plusieurs voix appellent donc à investir pour doter le pays en infrastructures de réseaux d’eau, d’irrigation et les barrages.

Barrage de Gwayi-Shangani en travaux (Source Bulawayo 24News)

Un rapport de la Banque Mondiale, publié l’année dernière, incite le gouvernement à aller dans ce sens, à innover et à diversifier ses systèmes de production. Harare a entrepris des travaux de rénovation à travers le pays. Pour Bulawayo, 4,5 milliards de dollars ont été engagés dans le projet de barrage de Gwayi-Shangani qui devrait s’accompagner de la construction d’un oléoduc dérivant l’eau jusqu’à la ville. La Banque Africaine de Développement (BAD) a investi, de son côté, pour des projets d’assainissement des eaux usées.

 

Le chantier est encore vaste pour que les zimbabwéens aient un accès à l’eau décent et que l’irrigation des cultures soit assurée mais il a le mérite d’être lancé.

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