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Le Fleuve Jaune

Entre vous et moi

Avec mes 5 464 km de long, je suis le deuxième plus long fleuve chinois après le Yangtze et le 6ème plus long au monde. Avec plus de 110 millions de personnes habitant le long de mes rives et un peuplement ancien, je suis aussi le berceau des civilisations du Nord de la Chine. En chinois, on m’appelle « Huang He », ce qui signifie fleuve jaune. Je tiens mon nom de la grande quantité d’alluvions (limon, boue, sable) que je charrie et qui me donne cette coloration boueuse.

Je prends ma source sur le plateau tibétain du Qinhai, là où naissent trois des plus grands fleuves chinois : le Fleuve Bleu (Yang-Tsé), le Mékong et moi. Je traverse ensuite le nord et le centre de la Chine, avant de me jeter dans la mer Bo Hai.

Je fais face à de nombreux problèmes : sécheresse, inondation, pollution, pression démographique, dégradation des écosystèmes… De ma bonne gestion et de celle de mon bassin, dépendent ma protection et le devenir des populations que j’abrite.

Dans l’intimité du Fleuve Jaune

  • Source : plateau tibétain du Qinhai
  • Embouchure : mer Bo Hai
  • Débit moyen : 2 571m3/s, mais très variable dans l’année, avec un faible débit de mars à juin et 60% des précipitations annuelles de juin à septembre
  • Longueur : 5 464 km
  • Bassin versant : 795 000 km2
  • Principaux affluents : Fen He et Wei He

Un peu d’histoire

Je suis le berceau des anciennes civilisations chinoises des ères Xia (2100-1600 av J.C) et Shang (1600-1046 av J.C). C’est d’ailleurs dans la région du plateau de Loess que l’agriculture a commencé, les terres y étant très fertiles grâce à mon limon.

Je suis reconnu comme dangereux. Depuis que les historiens tiennent des registres, vers 602 avant JC, j’ai changé 26 fois de cours et provoqué plus de 1 000 inondations, entraînant la mort de millions de personnes.

Le phénomène de sécheresse est aussi très présent tout au long de ma longue histoire et est devenu un problème de premier plan en raison des prélèvements en eau de plus en plus importants pour l’irrigation des terres agricoles, l’urbanisation et l’industrialisation.


Une ressource en eau plus rare

La Chine manque d’eau. Elle ne dispose que de 7% de toute l’eau disponible sur la planète pour 21 % de la population mondiale. Et cette eau est mal répartie : moins de 15% de l’eau disponible en Chine du Nord, où vivent…45 % des habitants. Un chinois vivant dans le Sud dispose de 3352 m3 d’eau par an, quand, dans le Nord, son compatriote ne doit se contenter que de 1127 m3.

Pour faire face à ce manque d’eau chronique, la Chine a lancé un projet pharaonique de transfert d’eau du Sud vers le Nord.

Malgré tout, la situation pourrait s’aggraver dans mon bassin, avec les effets du changement climatique qui pèsent sur la disponibilité de ma ressource et la demande en eau toujours plus grande. La surexploitation des eaux souterraines a entraîné l’affaissement des terres et se conjugue à la pollution des eaux.

Gérer le stress hydrique est devenu une priorité pour la Commission de Conservation du Fleuve Jaune, en charge de ma gestion.

Mes multiples usages

Sûreté hydraulique et production d’énergie

J’ai par le passé brisé des digues qui tentaient de me contenir. Dès les années 1950, le gouvernement chinois veut renforcer la sécurité des habitations et prévenir les inondations. Un plan d’aménagement est adopté, avec la construction de 46 barrages sur mon cours moyen et un système d’endiguement sur 800 km dans mon cours inférieur.

Dans les années 2000, ce sont 10 000 réservoirs pour une capacité de plus de 60 milliards de m3 qui sont en service, dont 23 grands barrages. La production hydroélectrique dans mon bassin atteint une moyenne de 40 TWh/an.

Xiaolangdi : un méga-barrage multi-usage

Il se situe dans le Henan et est l’un des plus grands barrages du pays, après le barrage des Trois Gorges. Finalisé en 2001, ce méga barrage répond à plusieurs objectifs :

  • gérer les crues et maîtriser la sédimentation ;
  • produire de l’hydroélectricité avec une puissance installée de plus de 1800 MW ;
  • permettre l’irrigation et réduire ainsi la dépendance vis-à-vis des eaux souterraines ;
  • assurer un approvisionnement en eau pour les industries et les villes situées en aval.

Une meilleure gestion de l’irrigation

L’agriculture en Chine est un secteur économique important (15% du PIB du pays, 300 millions d’agriculteurs), mais c’est aussi le premier consommateur d’eau.

La grande plaine du Nord de la Chine est l’une des régions agricoles les plus étendues du pays. Elle produit environ 40% des céréales chinoises (blé, maïs, sorgho). L’importance des prélèvements pour l’irrigation en aval du fleuve (75 000 km2 de zones irriguées) explique en partie l’assèchement du delta. Pour éviter le gaspillage de la ressource, des programmes de développement de meilleures techniques d’irrigation ont été mis en place depuis les années 2000.

Industrie polluante !

Les industries de charbon et de chimies sont présentes dans la région autonome de Mongolie (provinces de Ningxia et Xinjiang) et dans la province de Shanxi. Bien qu’essentielles à l’économie du bassin, elles sont polluantes et consomment de grandes quantités d’eau. De plus, de grandes quantités d’eaux usées industrielles et d’effluents urbains, non traitées ou de manière peu efficace, sont aussi rejetées.

101234567890,601234567890

milliard de tonnes de sédiments transportés par an

101234567890001234567890%

d'augmentation des prélèvements en eau entre 2007 et 2014

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d'augmentation des zones reboisées sur le Plateau de Loess

Quel fleuve pour demain ?

Une biodiversité en danger

Mon bassin est riche en poissons, mais en raison de la pollution, de la surpêche, des barrages et de la baisse des débits, un tiers des espèces présentes dans le fleuve ont aujourd’hui disparu. Pour limiter la surpêche, le ministère de l’agriculture chinois a annoncé en 2018 l’interdiction de la pêche dans mes eaux du 1er avril au 30 juin.

Zones humides à conserver

Mon delta constitue un important écosystème de zones humides. En 1992, la Chine est devenue membre de la Convention de Ramsar sur la conservation des zones humides. La même année, la réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune a été créée où vivent plus de 1 500 animaux sauvages, 360 espèces d’oiseaux et 400 espèces de plantes. Elle offre un habitat pour la reproduction, et la migration des oiseaux.

Déforestation persistante et érosion des sols

Au nord-ouest, dans les montagnes qui m’entourent, la forêt a disparu, pour laisser place à de nouvelles parcelles cultivées. Or, sans les forêts, le sol ne retient plus l’eau, ce qui permettait de réduire l’impact des inondations et de maintenir un bon débit en période sèche. Depuis les années 2000, un véritable effort de reboisement a été effectué par le gouvernement chinois pour favoriser l’infiltration des eaux de ruissellement dans le sol.

Pollution de l’eau

Je traverse de grandes agglomérations, des zones industrielles (notamment de pétrochimie), des espaces agricoles et la principale région productrice de charbon en Chine. Cela a généré une forte pollution de l’eau liée à l’usage de pesticides agricoles, au manque de traitement des eaux résiduaires et des pollutions industrielles.

Fleuve Jaune, Laoniuwan, Shanxi

En 2015, la Chine a mis en place un plan d’action nommé « Water 10 » qui propose une feuille de route pour la prévention de la pollution de l’eau. D’ici 2020, il prévoit que 70% des sept bassins hydrographiques, dont je fais partie, seront en bon état.

En savoir plus sur moi

Voyage sur le Fleuve Jaune

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