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Le fleuve Sénégal

Entre vous et moi…

Mon nom vous dit certainement quelque chose. Et pour cause, je fais partie des plus grands fleuves du monde. Je suis le fleuve Sénégal, cordon ombilical de la Guinée, du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie en Afrique de l’Ouest. Celui qui prend sa source en Guinée avec les rivières Bafing et Bakaye et dont la confluence se trouve à Bafoulabé au Mali.

Après avoir traversé la partie occidentale du Mali, je rejoins la Falémé, mon affluent majeur, et forme sur le reste de mon parcours la frontière entre les territoires du Sénégal et de la Mauritanie. Puis direction l’Océan Atlantique à Saint Louis où je débouche enfin. Je vais vous sembler quelque peu prétentieux mais, de vous à moi, mon importance dans une région marquée par des épisodes de sécheresse a très tôt renforcé la nécessité pour les quatre États du bassin de coopérer pour ma mise en valeur, jusqu’à la création d’un système international unique, aujourd’hui encore, en matière de gouvernance fluviale.

Vous aimeriez en savoir plus ? Et si on faisait plus ample connaissance…

Fiche technique

  • Débit : 640 m³/s (de 3 m³/s à 5 000 m³/s)
  • Longueur : 1 700 km
  • Bassin versant : 337 000 km²
  • Pays traversés : Guinée, Mali, Sénégal, Mauritanie
  • Principaux affluents : Kolombiné, Karakoro, Gorgol, Bafing, Bakoye, Falémé, Baoulé

Un peu d’histoire

Dès la première moitié du 19e siècle, avec les débuts de la période coloniale, j’attirai les regards. Vous ne serez pas surpris si je vous confie que ma mise en valeur a suscité des interrogations. Il aura fallu attendre 1892 pour que les premières études complètes à mon sujet soient réalisées. Dès lors, plusieurs organes successifs réuniront les pays riverains qui ne trouveront de portée réelle qu’avec les indépendances dans les années 1958/1960.


En 1963 et 1964, des conventions relatives à mon statut et à mon aménagement sont signées, symboles de mon passage dans la cour des grands (fleuves). Sans compter l’éprouvant épisode de sécheresse que connaît la région entre 1968 et 1973, et qui renforce la nécessité d’une coopération entre États riverains.

En 1972, grâce à un accord entre le Sénégal, le Mali et la Mauritanie, l’Organisation mondiale pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), autrement dit votre serviteur, est créée. La Guinée rejoindra rapidement cette organisation.

Modèle unique à l’échelle mondiale, l’OMVS m’accorde le statut prestigieux de ressource «internationale». Je deviens non seulement polyglotte, j’assure également sur mon cours une liberté de navigation et une égalité entre États dans toutes les formes d’utilisation de l’eau. Qui n’aurait pas envie d’embarquer !

L’OMVS a été créée avec trois principes de base : le fleuve et ses affluents sont propriété internationale; leurs ressources sont exploitées de manière partagée et solidaire ; tout ouvrage est une propriété commune. L’organisation vise à :

  • Atteindre l’autosuffisance alimentaire pour les populations du bassin et de la sous-région.
  • Sécuriser et améliorer leurs revenus.
  • Préserver l’équilibre des écosystèmes.
  • Réduire la vulnérabilité face aux aléas climatiques.
  • Valoriser au profit des États membres le potentiel hydroélectrique du bassin.
  • Accélérer le développement économique.

Au fil du temps, l’OMVS est devenue une référence à travers le monde. En 2016, elle a été désignée meilleur organisme de bassin au monde par la qualité de ses programmes et son modèle de gestion partagée des eaux dans un cadre de coopération solidaire. Elle assure le secrétariat permanent du Réseau africain des organismes de bassin.

L’écoulement du fleuve Sénégal, mode d’emploi

Quoi ?

Les précipitations dans le Haut-Bassin définissent essentiellement le régime d’écoulement du fleuve :

  • De juillet à octobre : saison des hautes eaux.
  • De novembre à mai/juin : saison des basses eaux.

Où ?

  • Haut-Bassin (Fouta-Djalon à Bakel) : les pluies d’avril à octobre, présentes dans la partie montagneuse à l’extrême sud du bassin, provoquent la crue annuelle du fleuve. Les précipitations annuelles varient entre 700 et 2 000 mm.
  • Vallée (Bakel à Dagana) : cette plaine alluviale agricole, encadrée par des régions semi-désertiques, est fertilisée chaque année par la crue du fleuve.
  • Delta : cette vaste zone plate est envahie par les eaux salées de l’océan pendant la saison sèche.

Source de vie, je sers à de nombreux usages

Agriculture et irrigation

Grand par la taille (337 000 km²), mon bassin accueille trois types d’agriculture :

  • Sous pluie : dans le haut-bassin, avec des variétés essentiellement vivrières comme le petit mil, le maïs, le sorgho (céréales, etc.) et les pastèques.
  • De décrue : maïs, aubergine, potirons, tomates, hibiscus (bissap), sorgho, riz, pastèques et autres produits maraîchers locaux font le bonheur des habitants des villes et villages alentours. Un type d’agriculture traditionnel qui tend à perdre en importance du fait de la politique de maîtrise des crues, à mon grand désarroi.
  • Irriguée : je fournis de l’eau pour 137 800 ha de terres aujourd’hui et le potentiel est encore grand.

Deux types de cultures irriguées dominent :

  • Les productions céréalières dont le riz, largement majoritaire.
  • Les productions horticoles, en particulier l’oignon, la tomate, le melon et gombo.

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    milliards de m³ d’eau pour la production agricole à l’horizon 2025

De l’eau pour tous

Essentielle aux populations qui m’entourent et résident sur les terres que je traverse, mon eau est une denrée précieuse.

L’eau potable, par exemple, est nécessaire à la survie de mes chers habitants. C’est grâce au barrage de Diama que l’alimentation en eau de grandes villes comme Dakar, Nouakchott, Saint Louis… est sécurisée. Édifié en 1986, à 30 km de l’embouchure du fleuve, il sert à stopper les remontées d’eaux salines et à stocker 500 millions de mètres cubes d’eau. Depuis la fin de l’année 2011, j’alimente presque intégralement la ville de Nouakchott, située à environ 200 km du barrage sous un climat désertique.


L’élevage revêt, comme la pêche, une importance économique et sociale primordiale. Il mobilise en moyenne 60 % de la population rurale dans chacun des pays riverains. Quant à son apport dans le PIB national des différents pays, il varie de 4 % à 12 %. Le développement de l’élevage s’inscrit dans les orientations définies par les États membres de l’OMVS, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Soyons honnête : le tissu industriel me concernant est assez faible. La Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) est la seule grande entreprise qui opère dans mon bassin (cannes à sucre et quelques unités de transformation de la tomate). Seule la levée des contraintes (navigabilité du fleuve, réalisation d’infrastructures portuaires, etc.) facilitera l’exploitation des gisements dans chacun des trois pays de mon bassin.

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millions de m³ pour la consommation en eau potable, en 2025

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millions de m³ d’eau pour l’élevage à l’horizon 2025

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millions de m³ d’eau pour les industries et mines en 2025

L’énergie hydroélectrique

Bien que l’irrigation soit l’enjeu principal de la gestion des eaux qui me composent, les pays membres de l’OMVS misent de plus en plus sur l’énergie hydroélectrique. Il paraît même qu’elle aiderait à résorber leur déficit énergétique, diversifier les sources de production et favoriser leur développement industriel. Pour régulariser mes débits et produire de l’énergie grâce à la construction de barrages hydroélectriques, un programme d’infrastructures a été défini. Quant aux études, elles ont permis de répertorier des sites potentiels de barrages et d’entamer leur réalisation.

L’OMVS possède actuellement deux ouvrages hydroélectriques :

  • L’aménagement de Manantali (le barrage et sa centrale, 2002) situé sur le Bafing, au Mali. Avec une puissance installée de 200 MW, il produit en moyenne 800 GWh/an qui sont livrés aux sociétés nationales d’électricité du Mali (52 %), de la Mauritanie (15 %) et du Sénégal (33 %).
  • La centrale de Félou (2013), également au Mali, centrale au fil de l’eau d’une puissance installée de 60 MW. Elle produit entre 320 et 350 GWH/an qui sont injectés dans le réseau de Manantali.

La production d’énergie est acheminée vers les États par le Réseau de transport interconnecté de Manantali (RIMA), long de 1 700 km. À ce jour, la puissance totale installée du RIMA est de 260 MW. À l’achèvement des projets de « seconde génération » qui concernent 5 nouveaux ouvrages, le système Énergie de l’OMVS devrait atteindre une puissance installée d’environ 2 000 MW.

Hissez la grand-voile

En tant que célébrité des voies fluviales, j’ai connu des hauts et des bas. Mon heure de gloire nous ramène au début du 20ème siècle, à l’époque où l’on me considérait comme un moyen de transport florissant. La redescente a été brutale quand, en 1970, cette activité s’est raréfiée jusqu’à être quasiment interrompue, en raison de l’absence totale d’investissements pour soutenir la concurrence avec les modes de transport alternatifs (routes, chemin de fer, etc.) et les variations très importantes de mon régime hydraulique.


Parmi les priorités de l’OMVS, figure la restauration d’une navigation pérenne entre Saint-Louis et Ambidédi, soit 905 km de voie navigable ! Cela suppose des travaux conséquents de dragage pour aménager le chenal, de construction d’un port fluviomaritime Saint-Louis, de réalisation ou réhabilitation d’appontements sur les deux rives… Cela fait plus de 40 ans que le projet est étudié et mes gestionnaires souhaitent le lancer prochainement pour que je conforte mon rôle de levier de développement économique des territoires que je traverse.

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Voyage sur le fleuve

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